Comme beaucoup, j’ai toujours eu envie de croire que j’étais spécial. Peut-être me l’avait-on déjà trop répété, que j’avais des facilités… Quelle que soit l’activité, Je siégeais toujours entre la première et la deuxième place. Peut-être était-ce vrai… Cela ne m’a pourtant pas empêché de passer par la case échec scolaire, pas si spécial après tout…

Plus tard, j’ai commencé à entendre çà et là le terme « potentiel », « tu n’utilises pas ton potentiel » me disait-on. Ce mot, pour moi aujourd’hui, est  devenu infiniment important car nombreux sont parmi mes étudiants ceux qui se posent la question, ai-je du potentiel ? Peut-être toi-même tu te poses cette question ? Ou encore : Suis-je intelligent ? Suis-je bête ? Autant de questions qui peuvent empoisonner ton quotidien…


1 – Contextualisons un peu


Pour les besoins de cet article, je vais avoir besoin de redéfinir les deux mots suivants « potentiel » et « intelligence ».

Disons simplement, que le potentiel est ce qui nous a été attribué à la naissance, nous en possédons donc tous en quantités différentes non connues et encore non mesurables, ce qui est une bonne chose. Imaginons que nous sachions dés la naissance que nous avions tiré les mauvaises cartes…

Pour ce qui est de l’intelligence, je la définirai plutôt comme notre capacité à utiliser notre potentiel de départ et nos connaissances. Celle-ci en revanche, sera plus dépendante de notre capacité à comprendre notre environnement afin de mieux évoluer au sein de ce dernier, notre capacité d’adaptation en somme…

Pour rendre l’image plus simple à comprendre, imaginons deux verres de volumes différents, chacun de ces volumes correspond à notre potentiel, le volume le remplissant deviendra notre intelligence liée à nos connaissances. Ce volume pourra varier au cours de notre existence. Car oui, j’estime que notre intelligence peut grandir ou se s’amoindrir au fil du temps. Pas toi ?

Comme tu as pu le constater, je pars du principe que nous ne sommes pas égaux à la naissance, ce qui est difficilement réfutable. En revanche cela représente une base solide pour entreprendre la vie de manière plus saine car à partir cet instant, nous allons travailler à remplir notre verre. Un grand verre vide n’aura que pour unique particularité d’être vide… Sans grand intérêt donc… Alors qu’un petit verre bien rempli pourra quant à lui vous sauver la mise dans bien des situations.

Cette image, m’a permis de dépasser le sentiment d’infériorité évident lors de mes rencontres avec des étudiants ayant à la fois un grand potentiel et/ou ayant une grande intelligence. N’estimant avoir ni l’un et ni l’autre, il me fallait tout de même trouver ma place dans ce monde. Comme beaucoup mon destin n’était pas tracé et j’avais encore tout à apprendre.


2 – Une porte de sortie nécessaire


Il semblait que j’avais commencé ma vie du bon côté de la barrière, de belles choses m’étaient alors promises… Et pourtant, Je compris très vite que mon environnement était déjà un frein à mon évolution, mais que faire quand on a 12 ans…

Comme aimaient le répéter mes parents et mes professeurs, j’en venais à croire que si je ne travaillais pas bien à l’école alors je ne pourrais rien faire dans la vie. Comment argumenter contre cela quand on a aucune expérience de la vie ? Aujourd’hui, je ne leur en veux pas, je sais qu’ils ne faisaient que reproduire ce qu’on leur avait enseigné plus jeune. Vingt ans plus tard, j’ai tendance à vouloir montrer une autre facette de cet adage et tenter de briser ce cercle vicieux.

Car oui, nous cherchons tous à trouver une place dans notre société et prouver que l’on est capable, encore faudrait-il connaitre et comprendre cette société. La première fois que l’on m’a posé la question tant redoutée par bon nombre d’entre vous « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » Je devais probablement connaître une demi-douzaine de métier différent, celui de mes parents qui étaient celui de mes grands-parents, celui du médecin, gendarmes et pompiers de mon village (j’exagère à peine)… Moi, je voulais concevoir des modèles LEGO. J’étais passionné et pourtant je n’avais aucune idée qu’il y avait vraiment des gens qui étaient payés pour ça et encore moins comment accéder à cette vie rêvée. Je me confrontais aux premières pensées limitantes de ma jeune carrière.


3 – Une découverte surprenante


Le manque cruel d’information à cette époque témoignait de l’étroitesse de mon environnement et ne permettait donc pas de pouvoir me projeter ou même simplement de rêver. Tout allait changer avec l’arrivée d’internet… Je ne l’avais pas compris encore à ce moment-là mais une révolution était en train de se produire. Quel rapport avec cet article me diras-tu ?

Un univers de connaissance infini servi sur un plateau d’argent… Je ne dis pas que j’en ai fait un très bon usage au départ, mais en quelques années et à mon rythme j’avançais vers ma porte de sortie grâce à cet outil, comme moi à l’époque, encore jeune et mal compris.

Je commençais par découvrir une multitude de connaissances et de métiers, anciens et nouveaux leurs évolutions dans le temps et parfois leur disparitions (où sont les salles immenses de dactylos tapant frénétiquement sur leur clavier de fer ?). Je me rendais donc compte qu’à la question « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » la réponse était multiple et infinie. Pourquoi se limiter à une chose ? Si l’entreprise qui m’emploie venait à fermer, se délocaliser ? Bouger ailleurs ? et ma famille ? Toutes ces considérations que je devrais rapidement prendre en compte.


4 – Le changement


J’avais entendu parler de darwinisme ou adaptation et évolution, je ne comprenais pas comment l’évolution de ces dernières centaines de milliers d’années allait bien pouvoir m’aider à répondre à cette question. C’était sans comprendre le principe de micro évolution qu’il me faudrait appliquer. Car dans l’adaptation réside l’intelligence.

Après avoir philosophé sur cette idée pendant un moment, un début de chamboulement dans mon état d’esprit commençait à opérer. Je ne me sentais plus aussi inférieur lorsque je rencontrai quelqu’un ayant plus de potentiel ou plus d’intelligence que moi, au contraire, j’étais fasciné. Je voulais comprendre ce qui les avait amenés à devenir les personnes qu’elles étaient et je voulais apprendre d’eux. A partir de là, j’avais découvert l’envie d’apprendre… Il était temps que je remplisse mon verre à moi. En faisant cela, je ne savais pas encore que j’aiderai à remplir le verre d’autres.

Après quelques années, je me suis rendu compte que je commençais à dépasser, en matière d’expérience, d’achèvement ou de position sociale des personnes qui avaient pu, plus jeune, endommager ma confiance. L’heure n’était pas à la confrontation, il me fallait avancer. Qu’importe donc la taille de mon verre, c’était décidé, je le remplirai à fond.

L’instruction scolaire est en effet importante car elle permet de créer un socle culturel commun à tous les futurs citoyens facilitant la cohésion de notre société. Et ensuite ? Ensuite, il vient de l’effort individuel de s’accaparer les connaissances que l’on estime judicieuses à l’intégration d’un ou plusieurs domaines particuliers et d’échanger avec les personnes possédant ces connaissances qu’elles soient à votre portée ou non. Je ne peux être que reconnaissant de l’apport indirect des mathématiques par le biais de l’esprit scientifique qui m’a très certainement aidé à faire de meilleurs choix au long de ma carrière et, je l’espère, continuera de me guider.

Mon regard sur les personnes ayant du succès qu’il soit modeste ou important attise encore aujourd’hui ma curiosité et mon désire d’apprendre. La somme des connaissances acquises lors de ces dernières années et la somme des connaissances dont je n’ai encore eu l’idée d’apprivoiser me donne à elles seules l’envie d’avancer car mon succès nourrira peut-être l’envie d’apprendre de mes étudiants. Je préfère largement voir mon verre rempli plutôt que de voir un grand verre vide. Et toi ?… N’hésite pas à partager tes impressions dans les commentaires.

Conclusion

Ton potentiel de départ n’a finalement que peu d’importance, en revanche l’intelligence avec laquelle tu seras capable de modeler ta vie est essentielle. Ne regarde plus le succès d’autrui comme quelque chose à envier ou à détester mais comme quelque chose à comprendre et à apprivoiser. Car c’est la somme de tes succès et de tes échecs qui modèleront ta vie.

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