Ce n’est probablement pas une surprise, mais nombreux sont les étudiants en filières scientifiques désirant devenir ingénieur. Peut-être est-ce également votre cas ? Vous pourriez vous poser la question : Mais par où commencer ? Quel type d’ingénieur ? 

À l’aire des nouvelles technologies, les possibilités deviennent infinies. Et pourtant la question essentielle au cœur de votre futur devenir reste inchangée. Cette série de deux articles reposera donc sur les questions de « Pourquoi et Comment devenir ingénieur ? ».

POURQUOI devenir ingénieur ?

REPONSE : être ingénieur c’est cool !

Et non, ce n’est pas parce que je suis ingénieur que mon jugement est forcément biaisé. Et pourtant il l’est. Même si l’idée d’être ingénieur est pleine de promesses, la réalité peut être tout autre…

En effet, j’aurais voulu, quelques années auparavant, croiser le chemin de cet article car même si je ne regrette aucunement mes choix de carrière étudiante, je suis pourtant forcé de constater que ma vision du métier d’ingénieur était quelque peu incomplète…

1 – Être « ingénieur » avant même de commencer vos études d’ingénieur

Si je devais mettre en avant une chose qui m’a permis de réussir dans mes études et dans mes premières expériences pros, c’est le fait que j’étais déjà passionné par la technologie avant même de savoir qu’il était possible de travailler de ce domaine. Car une fois mes premiers outils technologiques entre les mains (à savoir mes jouets), je compris rapidement le potentiel créatif de ces derniers. Une fois cassés, (ce qui arrivait souvent rapidement, le made in china de l’époque…) ils obtenaient alors encore plus de valeur à mes yeux. J’organisais soigneusement les pièces détachées dans une boîte pour les retrouver et les réorganiser plus tard lors de mes nombreuses sessions créatives.

Car oui, comme beaucoup de métier, l’ingénierie est une vocation. Je n’avais malheureusement aucun ingénieur dans mon cercle familial. Il m’était donc difficile d’appréhender le concept même du métier d’ingénieur. Si je devais donc vulgariser une composante principale de ce métier, je dirais que vouloir devenir ingénieur c’est d’abord vouloir créer quelque chose qui puisse rendre notre quotidien plus facile, plus intéressant et plus excitant. En somme, un savant mélange d’ingéniosité et de créativité.

2 – Surmonter constamment de nouveaux obstacles

Si vous êtes d’un caractère à vouloir vivre une vie paisible sans avoir aucune responsabilité alors fuyez. Car oui, la vie d’un ingénieur peut être palpitante (voyez notre cher Thomas Pesquet) et l’avis d’un ingénieur peut être déterminant et lourd de conséquence (production de millier de produits défaillants).

En effet, une autre composante essentielle au métier d’ingénieur est de constamment résoudre des problèmes. Mais quand je dis « problème », un ingénieur lui dit « défi ». Probablement pour préserver sa santé mentale.

A partir du moment où un projet est lancé, la course au solutionnement de ces « défis » commence. Un à un, ils s’avanceront vers vous parfois visibles, parfois déguisés et souvent plus nombreux que prévu.

Le but ici n’est pas de vous faire peur, mais de vous faire entrer dans l’état d’esprit d’un ingénieur.

Si vous êtes incapable de solutionner le moindre petit problème de votre vie comment espérer solutionner ceux des autres ?

3 – Un jeu d’équipe

On aime à rêver, le concept du créateur génial révolutionnant le monde de sa seule brillance. Ce serait ignorer les méninges anonymes s’agitant dans l’ombre. Car oui, le développement de nouvelles technologies requière la confrontation d’idée et la confrontation aux principes de réalité (matériaux, coût, politique…). Ces procédés aussi lents que dévastateurs sont les premières sources d’abandon et de compromission évidentes à la vision de l’ingénieur. Celles-ci sont, à bien des égards, douloureuses mais souvent essentielles à la réalisation de cette vision (paradoxale, non ?). Votre ego sera mis occasionnellement à rude épreuve et vous devrez apprendre à manager et à être manager par vos collaborateurs.

Le prophète tant adulé de la Silicon vallée, Steve Jobs, n’aurait peut-être jamais pu son statut d’icône sans la capacité à surmonter les problèmes et l’inventivité de ses ingénieurs (Wozniak en particulier).

C’est pourquoi, il est important de comprendre que la meilleure version de ce que vous pourriez produire ne deviendra la meilleure uniquement si elle est éprouvée et approuvée par vos collaborateurs et par le public.

Si la question, pourquoi je n’ai pas continué dans la voie de l’ingénierie venait à se poser, je répondrais le plus honnêtement du monde que mon incapacité de l’époque à faire preuve de patience et de compromission m’ont fait me questionner sur mes choix de carrière.

Bizarrement, travailler dans l’éducation a fait de moi un bien meilleur ingénieur que je n’aurais pu le rêver.

4 – Expérience, la clé

Comme je l’avais l’énoncer dans le premier paragraphe, la voie de l’ingénierie est un mode de vie dont la curiosité est le moteur. N’ayez pas peur de poser des questions à tout le monde, tout le temps. Qui sait, vous pourriez avoir de temps à autre des conversations intéressantes et des réponses inattendues. Le monde n’a que faire d’ingénieurs ignorants.

Personne ne vous demandera d’être un passionné. Être au minimum intéressé par votre domaine de future compétence me semble en revanche essentiel. Documentez-vous, lisez, apprenez de ceux qui savent. Certaines des règles que j’inculque à mes étudiants m’ont été prodiguées par mes mentors ingénieurs. Règles que j’observe moi-même au quotidien dans mon activité d’enseignant (certains préceptes n’ont pas de frontières).

Pendant les vacances, pourquoi ne pas demander à passer quelques jours dans le quotidien d’un ingénieur pour mieux comprendre l’essence de son métier et de ses démarches intellectuelles ?

5 – Où exercer ?

Ma courte expérience en tant qu’ingénieur m’a tout de même permis de constater la quantité invraisemblable d’opportunités offertes aux titulaires de ce diplôme. Les conditions de travail peuvent être diamétralement opposées d’un poste à l’autre. Travaillez dans un bureau d’étude, au beau milieu d’une chaîne de production d’entreprises internationales ou sur les hauteurs de l’Himalaya ? Voilà ce que j’ai pu apprécier du monde de l’ingénierie. À vous de trouver, ce qui correspondra à votre caractère et à vos ambitions.

Après avoir travaillé pour de grands groupes internationaux ou de très petites entreprises, ma personnalité m’a amené à préférer la liberté des petites entreprises où tout était souvent à faire. Dans les grands groupes, je devais répondre à une mission bien précise et cadrée.

Ce choix ne sera peut-être pas le vôtre, beaucoup d’ingénieurs préfèrent exercer leurs talents en compagnie des meilleures technologies à disposition et cela, souvent seules les grandes entreprises peuvent le permettre (ce qui n’est pas mal non plus).

Vous pourriez également faire le choix de l’indépendance totale en créant votre propre entreprise.

6 – Les mauvaises raisons de devenir ingénieur

Si vous êtes parvenus jusqu’ici, c’est que la motivation est là. Mais vous engagez-vous dans cette voie pour les bonnes raisons ?

Il y a évidemment des milliers de raisons pour lesquelles on pourrait souhaiter devenir ingénieur. Dans cet article, nous parlons de devenir un bon ingénieur. Voilà donc quelques mauvaises raisons de vous lancer :

  • « C’est stylé ». Cela peut l’être en effet si vous êtes en mesure de choisir le poste qui vous correspond. Vous ne voudriez pas concevoir des boulons pendant dix heures par jour si vous n’êtes pas passionné par la boulonnerie (si vous ne savez pas ce qu’est un boulon, je vous encourage à chercher vite)
  • « La paie est bonne ». Encore une fois tout dépendra de vos compétences et de vos talents de négociateur. Certains ingénieurs pourront rester au salaire de base toute leur vie.
  • « On travaille avec du bon matériel ». C’est possible, mais pas certain. La politique et la taille de l’entreprise sera ici décisif.
  • « Le travail est tranquille ». Si votre choix de carrière est la position et le salaire, alors préparez-vous à être disponible 6 jours sur 7, 10 à 12h par jour minimum. Et oui, on n’a rien sans rien.
  • « L’expérience ». Encore une fois attention, certaines entreprises pouvant travailler sur leur propre machine, système ou programme pourraient minimiser la valeur de votre expérience lors de la recherche d’un nouvel emploi. Continuez donc de vous former dans votre domaine de compétence.
  • « Le travail ne manque pas ». C’est vrai, en revanche gardez à l’esprit que plus votre niveau d’étude et vos exigences sont élevés et plus les opportunités correspondant à votre CV seront rares. Prévoyez d’être quelque peu flexible et mobile.

7 – Les bonnes raisons de devenir ingénieur

Après tout ça, comment ne pas évoquer les bonnes raisons de devenir ingénieur ? Elles sont également nombreuses :

  • « Vous créez le futur ». Quelque soit le domaine, vous faîtes partie du changement. Alors soyez fier de ce que vous produisez. (même si votre domaine n’est pas le plus glamour, mettez-y tout votre cœur)(pensez aux ingénieurs qui ont conçu les toilettes japonais dont tout le monde parle)
  • « Vous apprendrez toute votre vie ». Pour certains, cela pourrait paraître comme une punition. Il faut savoir que la technologie évolue vite, vous devez évoluer avec elle.
  • « Utilisez votre créativité ». L’ingénierie ne serait pas ce qu’elle est sans la créativité de ses ingénieurs. Soyez fou et rêvez grand.
  • « Des gens comme vous ». Vous risquez forcement de croiser ou de travailler avec des gens qui partagent votre intérêt pour certaines thématiques. Libre à vous de partager vos expériences et des conversations enrichissantes.
  • « Opportunité de carrière ». Vous aurez une place privilégiée dans l’entreprise. Si vous êtes actif et intéressé, il ne sera pas rare de vous voir proposer d’autres opportunités dans votre domaine voire même un domaine de compétence complètement différent du votre.
  • « Être indépendant ». L’ingénierie est une voie qui peut même mener à l’indépendance totale, car votre expérience et votre manière de penser devraient vous permettre de voir de la valeur là où d’autres ne la voient pas. Reste à vous de vous lancer et peut-être créer une nouvelle révolution.

Conclusion

Je conçois que cet article pourrait ne pas s’appliquer à l’entièreté des domaines de compétence de l’ingénierie. Il devrait donner cependant la boussole qui permettrait à beaucoup de mieux se guider dans cette aventure. De plus cet article propose un avis engageant évidement que le mien basé sur ma vision et mon expérience du métier. En revanche, il pose des questions essentielles que chaque futur aspirant ingénieur devrait s’être posées au moins une fois avant de se lancer. Vous voulez partager votre vision de l’ingénierie, vous vous posez des questions peut-être quant à la manière d’accéder à ce diplôme ? N’hésitez pas à me l’indiquer dans la rubrique commentaire.